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A bas l’oligarchie, vive la démocratie

S’il suffisait de mettre en avant ce qui ne va alors cela ferait bien longtemps que les opprimés, les exploités, les méprisés auraient renversé le monde qui les écrase, les aliène, les écarte.

Voilà pourquoi la prise de conscience des « crises », des « catastrophes », et aujourd’hui c’est d’«  effondrement » qu’il faudrait parler, est certes absolument nécessaire mais politiquement totalement insuffisante. Voilà pourquoi les décroissants ne doivent pas se contenter de repérer et d’indiquer les « responsables » (en réalité ils n’ont que le « pouvoir » de nous imposer leur « irresponsabilité », et c’est trop), ils doivent aussi proposer des manières politiques de repolitiser notre vie commune.

A l’ère de l’anthropocène – notre époque, au cours de laquelle l’homme influe sur son environnement dans des dimensions géologiques et séculaires – les élites sont sans surprise la cause première des soucis écologiques présents et à venir ; Hervé Kempf a détaillé « Comment les riches détruisent la planète » (2006)

En effet, nos oligarques – étymologiquement les « peu nombreux » – sont en compétition pour l’accumulation, et semblent prêts à curer les dernières ressources pour espérer se mettre à l’abri quand tout viendra à manquer, quitte à accélérer la catastrophe.

Il paraît bien illusoire d’espérer une quelconque auto-limitation de la voracité des « gros », qui est par nature insatiable, expliquait déjà Machiavel. Seul le peuple, dont « les souhaits sont plus honnêtes » le pourrait.

Mais la politique a failli, le suffrage universel a déçu : dérégulations financières à tour de bras, endettement de la collectivité à l’étranger, privatisation de biens communs, explosion des inégalités, réduction des acquis sociaux, etc. Ne serions-nous capable que d’élire des professionnels de la politique au service de la finance ? Devrions-nous nous détourner dédaigneusement de ces mascarades électoralistes infantilisantes ?

Ce serait jeter un peu vite le bébé démocratique du suffrage universel avec l’eau du bain oligarchique de l’élection : si les élus – surtout les grands élus – aiment les grands travaux, la compétitivité, le libre échange, les partenariats avec le privé, les multinationales, le réalisme à courte vue, etc. et ne sont plus que les chantres « du progrès qui innove la nouveauté », le peuple – et surtout le petit peuple plus nombreux – est beaucoup plus réticent : il nous appartient de le convaincre qu’on a besoin de lui pour éviter que – comme toujours – « tout change pour que rien ne change ».

Pour préparer une décroissance sereine vers des sociétés stables, en harmonie avec la nature, les décroissants proposent donc de contrer les logiques destructrices de l’oligarchie en donnant, effectivement, davantage de pouvoir au peuple.

D’abord, en cohérence avec la relocalisation de l’économie que nous proposons, nous voulons aussi relocaliser les prises de décisions politiques : donner le plus de pouvoir de décision aux bio-régions, aux communes en mettant en place une démocratie semi-directe, avec des assemblées populaires locales souveraines, et des élus dé-professionnalisés, contrôlables du fait de leur proximité.

Ensuite, pour les niveaux régionaux et nationaux, aux compétences amaigries mais qui perdureront par soucis de solidarité, nous voulons adjoindre à chaque assemblée élue une assemblée tirée au sort, renouvelée chaque année, et disposant d’un droit de veto sur les décisions. Par ces leviers du « contrôle » et de la « proximité », cela aura pour effet direct de supprimer de l’agenda politique tous les sujets contraires à l’intérêt du plus grand nombre : tafta, ceta, ogm, aéroports, nanotechnologies …

Enfin, le référendum reste le moyen le plus efficace de donner du pouvoir au peuple et de lui apprendre à se gouverner, mais il ne peut être qu’épisodique. Pourquoi ne pas proposer d’instituer une journée de référendum par an, à date fixe, pour tous les niveaux territoriaux ?

Alors peut-être, la politique pourra-t-elle devenir autre chose qu’une variable d’accompagnement vers l’effondrement ; alors peut-être le débat politique retrouvera-t-il sa véritable destination, idéale, attirante : co-construire par la discussion commune un vivre ensemble dans les limites de la nature et de la décence.